- EAN13
- 9782814501782
- Éditeur
- PublieNet
- Date de publication
- 12/09/2012
- Collection
- Temps Réel
- Langue
- français
- Fiches UNIMARC
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Le temps est un grand maigre
ou comment voyage une phrase, de Balzac au poème
Dominique Quélen
PublieNet
Temps Réel
Livre numérique
-
Aide EAN13 : 9782814501782
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1.99
"Le temps est un grand maigre" : à quoi pensait donc Honoré de Balzac quand il
a écrit cette phrase, lui qui n’était ni grand ni maigre, et qui s’est battu
sans cesse contre le temps ?
Et pourquoi cette phrase, longtemps après Balzac, y est reprise par les mains
de Pierre Michon qui en fait le titre de son propre hommage à Balzac ? Une
phrase alors passe d'un auteur à un autre, c'est nous-mêmes que nous venons
lire à partir de leur énigme.
Dans l'espace restreint de proses aiguisées comme des chants, la contrainte
même du bref, le côté très concret des fragments de vie dont on se saisit,
tout devient alors ici un miroir à vivre :
"Ainsi nous sourions faiblement, étant presque morts, à lire la fable de notre
vie dans de grands volumes qu’il faut manier avec soin. Tout y est superbe de
nombre et de proportions, le dessin n’en est pas brouillé par les détails. Des
héros fades sortent grandis d’épreuves pareilles aux nôtres en apparence. Les
yeux voient clair, les mains sont plates comme des truelles. Et pas de
mauvaises herbes entre les marbres, pas de citernes d’eau croupie sous des
halles en plein vent, pas de parfums s’évaporant avant qu’on les ait respirés,
rien qui ait l’air de sortir à l’instant de derrière. Et pas trace non plus du
fléau de l’homme : jusque-là tapi en nous, il dissimule un peu de monnaie dans
sa main et tout seul au fond de quelque arrière-cuisine, sans remettre à
demain de vivre, il s’apprête à dîner des restes du repas de midi de la
veille."
FB
Dominique Quélen vit et travaille à Lille. Nombreux textes publiés.
a écrit cette phrase, lui qui n’était ni grand ni maigre, et qui s’est battu
sans cesse contre le temps ?
Et pourquoi cette phrase, longtemps après Balzac, y est reprise par les mains
de Pierre Michon qui en fait le titre de son propre hommage à Balzac ? Une
phrase alors passe d'un auteur à un autre, c'est nous-mêmes que nous venons
lire à partir de leur énigme.
Dans l'espace restreint de proses aiguisées comme des chants, la contrainte
même du bref, le côté très concret des fragments de vie dont on se saisit,
tout devient alors ici un miroir à vivre :
"Ainsi nous sourions faiblement, étant presque morts, à lire la fable de notre
vie dans de grands volumes qu’il faut manier avec soin. Tout y est superbe de
nombre et de proportions, le dessin n’en est pas brouillé par les détails. Des
héros fades sortent grandis d’épreuves pareilles aux nôtres en apparence. Les
yeux voient clair, les mains sont plates comme des truelles. Et pas de
mauvaises herbes entre les marbres, pas de citernes d’eau croupie sous des
halles en plein vent, pas de parfums s’évaporant avant qu’on les ait respirés,
rien qui ait l’air de sortir à l’instant de derrière. Et pas trace non plus du
fléau de l’homme : jusque-là tapi en nous, il dissimule un peu de monnaie dans
sa main et tout seul au fond de quelque arrière-cuisine, sans remettre à
demain de vivre, il s’apprête à dîner des restes du repas de midi de la
veille."
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