- EAN13
- 9782706211782
- Éditeur
- FeniXX réédition numérique (Fayard)
- Date de publication
- 1972
- Langue
- français
- Langue d'origine
- français
- Fiches UNIMARC
- S'identifier
Livre numérique
« Je regarde ma petite martienne. Nous sommes si peu faits pour ce monde. La
solidarité ne me vient pas facilement, à moi, mais soudain, en regardant Lucy
endormie, je sens que nous ne pouvons être les seuls. Et je les sens vivre,
les centaines de millions qui, comme nous, ne sont pas à leur place. Je sais
que cette société nous fait du mal, irrémédiablement. Les raisons de vivre y
collent à la peau et nous ne pouvons combattre que pour une certaine innocence
et une certaine ampleur. Le long chemin que je viens de faire m’aura au moins
appris que je ne suis pas seul. Comme moi, partout, invisibles, anonymes, sans
rencontre, sans échos, ils sont des millions qui trouvent l’air trop sale, les
rues trop étroites, les opinions trop quotidiennes et ne peuvent s’en
expliquer, s’y résigner non plus. Des millions qui souffrent de l’intérêt, de
la bêtise, de la curiosité, de la dérision et de l’égoïsme, prêts à tout
partager, naturellement, mais qui n’ont rien qui intéresse, dont les cadeaux
sont de la rosée au soleil déjà haut. Inexploités, inexploitables, ils n’ont
trouvé pour vivre que la marge où les guettent les flics, et vous, peut-être.
»
solidarité ne me vient pas facilement, à moi, mais soudain, en regardant Lucy
endormie, je sens que nous ne pouvons être les seuls. Et je les sens vivre,
les centaines de millions qui, comme nous, ne sont pas à leur place. Je sais
que cette société nous fait du mal, irrémédiablement. Les raisons de vivre y
collent à la peau et nous ne pouvons combattre que pour une certaine innocence
et une certaine ampleur. Le long chemin que je viens de faire m’aura au moins
appris que je ne suis pas seul. Comme moi, partout, invisibles, anonymes, sans
rencontre, sans échos, ils sont des millions qui trouvent l’air trop sale, les
rues trop étroites, les opinions trop quotidiennes et ne peuvent s’en
expliquer, s’y résigner non plus. Des millions qui souffrent de l’intérêt, de
la bêtise, de la curiosité, de la dérision et de l’égoïsme, prêts à tout
partager, naturellement, mais qui n’ont rien qui intéresse, dont les cadeaux
sont de la rosée au soleil déjà haut. Inexploités, inexploitables, ils n’ont
trouvé pour vivre que la marge où les guettent les flics, et vous, peut-être.
»
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