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Un homme, un vrai

Tom Wolfe

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  • Conseillé par
    29 août 2010

    Un livre, un vrai

    Cher Tom,

    Je me souviens très bien de vous. C’était à Pékin à l’été 2008. Dans le chantier de l’immeuble d’à côté de l’hôtel où je logeais travaillaient quelques pékinois jusqu’à des heures indues dormant sur leur lieu de travail sur des lits superposés.

    Eux aussi formaient une équipe. Pas la même que celle que vous évoquiez dans une version romancée de la conquête spatiale américaine dont vous aviez tiré le livre l’Etoffe des héros, un pur moment de bonheur, une anthologie de ce que doit être la littérature : une bonne histoire servi par un style haletant. C’est la ma vision et je la partage. L’inconvénient de vos livres est qu’il dépasse ou frôle souvent les 1.000 pages et ce en un seul tome Tom.

    « Il m’emmène au bout de la nuit »

    Cela permet de prolonger le plaisir jusqu’au bout de la nuit et laisse place le matin à des yeux cernés certes mais heureux. Si bien que depuis j’ai acquis Un homme, un vrai et Moi, Charlotte Simmons. Si le second trône encore dans la pile de livres que je me fais fort de lire un jour, Un homme, un vrai, vient de passer dans les rangs de ma bibliothèque. L’histoire raconte les tourments de Charlie Croker dans sa ville d’Atlanta (Georgie, Coca-Cola, CNN, d’anciens bouseux devenus riches). L’homme est promoteur immobilier. Son entreprise subit de plein fouet le retournement de conjoncture du coin. Face à ses traites impayées, sa banque, à qui il doit plusieurs centaines de millions de dollars, lui demande de rembourser ses prêts. En échange d’un salut de dernière minute, le maire d’Atlanta lui propose un accord bancal : son soutien à un joueur noir de l’équipe de football américain de l’une des universités de la ville accusé du viol de la fille de l’un des amis de Croker contre un rééchelonnement de sa dette. Accepter ou ne pas accepter ? Perdre son âme ou son ami ? La vie pose parfois des questions existentielles à ceux pour qui la philosophie s’arrête aux portes des troquets. C’est en découvrant les stoïciens (je ne vous dis pas comment, lisez les 1.000 pages, non mais) qu’il s’aperçoit de la logique de la réponse qu’il doit apporter. L’histoire n’est pas un roman financier, même si la trame de fond mêle à la fois politique et économie, mais campe des personnages hauts en couleur face à l’angoisse de la perception sociale face à un pire qui n’est jamais certain.

    On vous qualifie parfois de dandy de la littérature américaine, ceint dans vos costumes immaculés. Ce serait oublier l’ensemble du talent de raconteur qui est le vôtre. L’homme est peut être un loup pour l’homme, pour la littérature on a Wolfe, et c’est pas mal non plus.