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Pascale B.

20,90
Conseillé par
23 août 2022

Danse cher Ami

Quelques jours entre fin juillet et début août 1914, la France en effervescence est aspirée par la mécanique de la guerre.
Dans la famille Rougier, le père misogyne, autodidacte capitaliste règne, la mère s’efface et se fane, le fils Charles rêve et explore, la sœur Jeanne s’émancipe….
La fratrie s’adore et partage leur ouverture au monde, leur gout pour la littérature et la culture. Alors que Charles se laisse étouffer par le père, Jeanne s’y oppose s’épanouissant dans des études supérieures, militante socialiste idéalisant le destin de l’humanité.

Mais la mobilisation change la donne. Son amoureux Marius (Ange, Aimé) déserte et son frère part à la guerre. Jeanne qui accompagnait Jaurès pour sauver le monde part sur le front engagée comme infirmière pour sauver son frère

Philippe Hayat nous invite dans une quête haletante et courageuse menée par une femme d’action convaincue bravant l’apocalypse, n’épargne au lecteur aucun visuel de ces corps décimés ou amochés, de l’absurdité de la guerre.
Le récit est adouci par quelques lettres écrites, témoignages d’Amour, par Jeanne qui aimerait tant purger sa mémoire de toutes ces horreurs.

Très bien écrit, une lecture progressivement accaparante.

« Les soldats ont appris à s’assoupir entre deux marches. Les infirmières, elles, ne s’arrêtent jamais »
« Le délivrer du monde, c’est l’aimer davantage »

21,90
Conseillé par
23 août 2022

La solitude peuplée par les autres

Une mésange charbonnière, un hameau, deux maisons, un puits, un hiver sinistre et glacial dans la combe.

Récit atmosphérique, chassé-croisé entre le présent et le passé, sous la forme d’une narration alternée entre Harry et Caleb, voisins isolés dans les terres.

Caleb supposé sorcier et guérisseur, solitaire et marginal, à qui sa mère a appris à ne se fier qu’à la terre et aux bêtes. Ce sont les animaux qui donnent l’heure….
Harry, écrivain dont le doute est devenu plus grand que l’envie, s’installant dans la maison d’en face en plein brouillard.

Dans cet environnement hostile, froid et pesant, les fantômes du passé alimentent l’écriture de Franck Bouysse. Des personnages que tout semble séparer mais il n’y pas de hasard pour l’auteur qui nous amène au plus près des animaux, dans un milieu rude où la communication entre Hommes est rugueuse voire assassine, où s’immisce la présence féminine.

Lecture rapide, fluide et prenante ; le lecteur est absorbé par les personnages et leurs secrets, leurs forfaits. Franck Bouysse entretient le mystère de ces vies fantômes diffusant les indices peu à peu. Seuls les mots ont le devoir de réanimer le passé et d’y opposer une vengeance dans un présent peuplé de fantômes. L’accélération du récit donne un nouveau souffle au lecteur

Énigmatique et chimérique ; d’une poésie éblouissante.

« La détonation perfore ses tympans… il a un peu honte d’avoir dérangé le silence »

« J’avais voulu mourir à cinq ans, pensant que ce serait toujours ça de fait »

« Le chien reparaît, craché par la brume »

19,50
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19 août 2022

Errance à vélo

Un professeur de philo à l’université, sonné par le départ de sa compagne Renata et cherchant en vain son chat Cassius, prend la route sur son nouveau compagnon : son vélo « Séville » !
Quittant son étrange cohabitation avec Noël, alcoolique insupportable, il part sillonner la montagne. Son vagabondage le rend disponible aux choses, aux rencontres, rompant la monotonie de certains…
Ascension initiatique ? racontée pas à pas, roue à roue ; où l’on apprend à manier l’arbalète, à différencier l’orge du blé et la signification d’un « paillon » …
La qualité de l’écriture mettant à l’honneur la découverte approfondie du pays justifie-t-elle une errance si longue dont la densité perd un peu le lecteur sur la fin.

« Mon corps fume, exhale cette nappe qui se colle au miroir, ajoutant encore un peu d’opacité »
« Chaque jour, je me sentais plus fort. Rouler longtemps est bien plus rentable que rouler vite »

Juan Gabriel Vásquez

Seuil

23,00
Conseillé par
19 août 2022

"l'enfer à l'école et le paradis à l'hôtel".

Roman très documenté et agrémenté de photos en noir et blanc relatant la vie incroyable de Sergio Cabrera, réalisateur et guérillero maoïste par un père idéaliste convaincu, évoquant son enfance avec sa sœur dans l’Histoire de la révolution colombienne. Une famille dévouée à Mao, courageuse et prometteuse face à une succession de malheurs entre la Colombie et la Chine, décidée à libérer le monde.

Immersion haletante dans l’enrôlement et l’entraînement des membres de la garde rouge, dans le quotidien des guérilleros révolutionnaires. Que penser de la responsabilité d’un père entrainant aveuglément ses enfants en environnement hostile et dangereux par idéologie.

Malgré quelques répétitions et longueurs, l’éloquent et intelligent récit de Juan Gabriel Vasquez rend la lecture fluide et intéressante

« Toute une génération de latino-Américains avaient voué leur vie à une cause titanesque »
« Marianella versa des larmes d’adolescente amoureuse tout en songeant qu’il n’y avait rien de plus contre-révolutionnaire que de se laisser distraire par l’amour »

Conseillé par
19 août 2022

Les aventures de Tom Sawyer

Assistant à ses propres funérailles, Liwa revisite son passé.
Orphelin et de père inconnu, il a grandi chez sa grand-mère Mâ Lembé.
Au gré de ses rencontres avec les morts qui gravitent autour de lui et où chacun y va de son histoire, de sa version du monde ; il évoque son enfance près de Brazzaville. Le lecteur traverse les scènes de l’enfance d’une âme perdue accédant à la petite criminalité puis à l’espoir d’intégrer Ferrandi…

Qui mieux qu’Alain Mabanckou peut nous conter Pointe-Noire ?... Écrivain engagé romançant la réalité avec une sobriété désarmante mais ponctuée d’anecdotes cocasses ; mais orientant vers le changement, l’indépendance, sans jamais oublier la lutte des classes dans une société magico-religieuse où la sorcellerie et les superstitions ont encore un fort impact sur la vie des hommes.

Parti pris d’animer les morts, retour de Liwa dans le monde des vivants afin de se grandir pour l’éternité. Une histoire qui finit bien.

« Il y a des jours où je sens que la mort a honte de moi »
« Dans un cimetière, il y a autant d’histoires que de tombes »